De bons moyens ou de bons résultats ?
#8 Notre rapport à la souffrance, à l'inconfort. Le seul vrai choix.
Bonjour
Bienvenue dans ce 8e épisode de Pansées.
Au sommaire
Un mauvais choix
Notre rapport à la souffrance
Contenu et contenant
Le choix guidé
L’évitement de la souffrance
En tant que psychothérapeute d’orientation TCC - Thérapies Cognitives et Comportementales - j’utilise systématique des tâches à domicile entre les séances.
Je crois que les résultats d’une thérapie se trouvent davantage entre les séances que lors des séances. En effet, même en nous rencontrant trois fois par semaine, le temps dédié au développement ne serait que de trois heures sur les 168 heures que compte une semaine. Avec les exercices, nous augmentons donc cette progression.
C’est à peu près la manière dont je présente les choses lorsque je démarre un accompagnement. Pour autant, rares sont les personnes qui n’y ont jamais dérogé. Souvent, nous omettons ces tâches, les jugeons non pertinentes, ou bien les réalisons de manière incomplète.
L'emploi du "nous" plutôt que "ils" est délibéré, car je m'inclus dans cette observation. Que ce soit les exercices que je me fixe ou ceux assignés lors de mes formations, interventions, et supervisions, il m'arrive aussi de les négliger, de les reporter, ou de les exécuter à la dernière minute, voire juste avant un rendez-vous.
Cette tendance à rechercher une méthode miracle, plus rapide, plus efficace, et idéalement sans effort, est courante. Selon les dernières statistiques, les thérapies les plus plébiscitées sont l'hypnose et l'EMDR, suivies par les approches alternatives telles que l'acupuncture, le magnétisme, et diverses pratiques chamaniques.
Qu’est-ce-que cela dit de nous ?
Je vois en cela une chose : l’évitement de la souffrance.
Nous cherchons à éviter la souffrance ou tout du moins l’inconfort. Nous voulons de bons moyens, des moyens agréables, qui nous permettent de nous sauver, d’améliorer notre quotidien avec rapidité, efficacité et si possible sans effort de nos parts.
En même temps, qui ne serait pas séduit par cela ?
Qui ne voudrait pas obtenir un corps athlétique sans l'effort, de la richesse sans le travail, de l'amour sans investissement, du développement personnel sans confrontation ?
Le problème c’est que nous passons à côté de toute la richesse des épreuves que nous rencontrons. Nous avons considéré nos épreuves, nos souffrances, comme un obstacle à une destinée heureuse. Non. Ces épreuves sont le chemin, sont la destinée. En cherchant à les contourner, nous nous privons des leçons précieuses qu'elles peuvent nous enseigner.
Alors bien sûr, je n’ai rien contre toutes ces méthodes alternatives (quoique), mais en les sollicitant dans l’espoir d’évincer votre souffrance vous vous coupez de l’opportunité d’en apprendre plus sur vous, de grandir, de vous éveiller, d’éveiller les autres, de vous renforcer, d’être, tout simplement.
Oui, prendre l’ascenseur lorsqu’on habite au 10e étage c’est magique. Cela vous évite environ 360 marches par jour. Sur 10 ans vous aurez évité 1.310.400 marches. Pouvoir éviter cet inconfort chaque jour est une magnifique avancée.
Mais ce million de marches est peut-être celui qui vous aurait épargné un AVC, vous aurait donné la force de porter vos petits enfants à un âge plus avancé, de pouvoir sauver votre chère et tendre des flammes rapidement, de sortir faire de longue balade avec votre famille. Ce moyen agréable à court terme à mener à de mauvais résultats à long terme.
Notre rapport à la souffrance
Je pense que cette attitude prend naissance dans notre considération des malheurs, des épreuves et de la souffrance. Nous les considérons comme des évènements à éviter à tout prix, et de fait, nous ne les acceptons pas. Cette attitude nous empêche d’en tirer des enseignements.
Pour imager tout cela, laissez-moi vous raconter une histoire.
“Il était une fois un roi qui avait un conseiller très sage, qui avait pour habitude de dire que "tout ce qui arrive est pour le mieux". Un jour, lors d'une partie de chasse, le roi se blessa accidentellement le doigt avec une flèche. En voyant cela, son conseiller répéta sa maxime habituelle, affirmant que cette blessure était pour le mieux. Le roi, furieux et souffrant, trouva cette remarque insensible et ordonna que son conseiller soit jeté en prison.
Peu de temps après, lors d'une autre chasse dans une région éloignée, le roi fut capturé par une tribu pratiquant des sacrifices humains. Alors qu'il était sur le point d'être sacrifié, les membres de la tribu remarquèrent que son doigt était blessé et coupé. Selon leurs croyances, offrir en sacrifice une victime imparfaite était un affront à leurs dieux. Ainsi, ils décidèrent de relâcher le roi, jugeant qu'il n'était pas un sacrifice approprié en raison de sa blessure.
Le roi fut sauvé par sa blessure, celle-là même qui lui avait causé tant de colère et de douleur. Réalisant la sagesse des paroles de son conseiller, le roi retourna au palais, libéra son conseiller de prison, et lui raconta comment sa blessure l'avait effectivement sauvé de la mort. Le conseiller répondit simplement que si le roi ne l'avait pas emprisonné, il aurait été avec lui lors de cette chasse et aurait sans doute été sacrifié à la place du roi, étant donné qu'il ne portait aucune blessure. Une fois de plus, cela prouvait que tout ce qui arrive, même si cela semble malheureux à l'instant, peut être pour le mieux.”
Alors bien sûr, ceci n’est qu’un exemple, une métaphore pour notre sujet. Retenez simplement l’essence de cette image. Revenons à notre attitude lorsque nous faisons face à ce que nous considérons comme un objectif, obstacle, une difficulté ou une souffrance.
Posons-nous cette question : Je préfère choisir un moyen agréable ou un résultat agréable ? Il se peut que le moyen désagréable soit celui qui mène aux résultats les plus agréables. C’est aussi ce que l’on retrouve en psychologie avec le concept de plaisir immédiat vs plaisir différé.
C’est la raison pour laquelle je pense que nous privilégions certaines méthodes à d’autres. Certaines nous apportent un plaisir immédiat, un sentiment d’efficacité personnel supérieur, un réconfort de l’ego.
C’est sur ces constats que sont créées les applications à ce jour. Elles vous récompensent rapidement, au moindre effort, tout pour maintenir un niveau de satisfaction élevé, mais en faisant cela, nous nous coupons de la frustration immédiate, de l’agacement de ne pas avancer, de la colère lorsque nous stagnons, de toutes ses émotions, pensées et sensations qui seraient de formidable moteur pour atteindre notre objectif.
À quoi bon atteindre un objectif qui, selon nous, nous apportera de la satisfaction, si nous pouvons la ressentir dès maintenant, dans ces moyens agréables ?
Je ne dis pas qu’il faut rejeter en bloc tous les moyens qui sont agréables car parfois ce sont eux qui amène à des résultats agréables. Je dis qu’il faut être attentif à ce qui guide notre choix.
Est ce une manière inconsciente / involontaire, d’éviter d’être confronté à un vécu interne inconfortable
Ou bien est-ce vraiment la meilleure solution pour le problème que vous rencontrez ?
Et même si, cela n’est pas la meilleure solution, emprunter le chemin difficile peut aussi apporter des avantages.
C’est la différence entre le contenant et le contenu.
Si ce contenu vous plait, soutenez-moi en le recommandant
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Contenu et contenu
J’emprunte cette notion à Ido Portal, qui a été un véritable mentor pour moi dans son approche du mouvement humain. Il a représenté pour moi le sommet de la maîtrise du corps humain. C’est l’approche du mouvement la plus complète qui m’ait été donnée d’investiguer depuis ces 10 dernières années.

Comme vous le savez (ou peut-être pas), j’ai été préparateur physique avant d’être psychologue. J’ai été obsédé par les méthodes d’entraînements et je n’ai jamais trouvé, à l’international, quelqu’un d’aussi expert. Allez voir son travail.
C’est de lui que je tire ce concept de contenu et contenant.
Lorsque nous nous engageons dans une activité, qu'elle soit cognitive ou physique, nous sommes confrontés à deux aspects fondamentaux : le contenant et le contenu.
Le contenant représente la forme externe de l'activité, son cadre, sa structure, et les moyens par lesquels elle se manifeste dans le monde réel. C'est le moule dans lequel l'activité est coulée, la chorégraphie de nos actions.
Le contenu, en revanche, est l'essence même de ce que nous retirons de cette activité, les bénéfices intrinsèques, l'apprentissage, les sensations, et les expériences vécues. C'est la saveur sous-jacente, la nourriture pour l'âme et l'esprit.
En prenant conscience de cette distinction, nous pouvons mieux apprécier la valeur de nos expériences et optimiser notre engagement dans chaque activité pour enrichir notre vie de manière significative.
Boxe
Le Contenant: La boxe, en tant que contenant, inclut les entraînements physiques, les exercices de frappe, l'esquive, la tactique sur le ring, et le respect des règles du sport. C'est la pratique visible, les mouvements, et la technique qui sont observés par les spectateurs et ressentis par le boxeur.
Le Contenu: Le contenu retiré de la boxe est bien plus profond. Il comprend la confiance en soi acquise, la discipline, la gestion du stress, la persévérance face à l'adversité, ainsi que les leçons tirées de chaque combat, victoire ou défaite. Le contenu comprend aussi les rencontres avec d'autres personnes, l'appartenance à une communauté, et le sentiment d'accomplissement personnel.
Écriture d'un article scientifique
Le Contenant: L'écriture d'un article scientifique se manifeste par sa structure : l'introduction, le développement méthodologique, la présentation des résultats, et la conclusion. C'est également le processus de recherche, de vérification des faits, et de rédaction conforme aux normes académiques.
Le Contenu: Le contenu réside dans l'apport de nouvelles connaissances, la contribution à la science, la satisfaction de résoudre un problème de recherche, et le développement personnel en tant que chercheur. C'est également dans l'échange intellectuel avec la communauté scientifique et dans l'impact potentiel de ces découvertes sur la société et la connaissance humaine.
Il devient évident que, bien que certaines activités puissent sembler directement orientées vers un objectif spécifique, comme perdre du poids dans le cas de la course à pied ou de la réduction de l'apport calorique, choisir un contenant plus riche peut offrir des bénéfices supplémentaires et souvent inattendus.
Par exemple, opter pour la boxe au lieu de simplement courir peut non seulement contribuer à la perte de poids, mais aussi offrir des compétences en autodéfense, une amélioration de la confiance en soi, de nouvelles amitiés, et une appréciation plus profonde pour la discipline et le dépassement de soi.
Ainsi, en choisissant des contenants qui enrichissent le contenu de nos expériences, nous pouvons toucher à une palette bien plus large de bénéfices, enrichissant notre vie bien au-delà de notre objectif initial.
Le choix guidé
Encore et toujours. Les valeurs sont ce qui doit être placé avant votre vécu interne.
Si vous dictez votre vie dans l’espoir d’une joie vous serez certes malheureux.
Un bon moyen ne mène pas obligatoirement à de bons résultats
Votre choix est souvent influencé par votre rapport à l’inconfort et aux épreuves.
Il se peut qu’un moyen inconfortable vous apporte des bienfaits supérieurs à ceux promis par le moyen confortable.
Les moyens ne valent que par leur contenu.
Le contenant, c’est l’emballage.
Un bel emballage ne promet pas un beau cadeau.
Lorsque nous ne pouvons pas avoir les deux, préférez-vous un bel emballage ou un beau cadeau ?
Medjahed
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